Justifier l’importance de la RSE

© 2004, Image modifiée, David Rouault, Le monde en images, CCDMD.

 

L’appui de la haute direction est une condition préalable essentielle au succès d’une démarche RSE. Plusieurs personnes devront aussi rallier aux différentes projets RSE pour assurer le succès de leur implantation. Ultimement, ce sont tous les membres de l’organisation qui devront mettre en œuvre la RSE. Il importe donc d’amener les personnes à vouloir s’engager dans la démarche.

Celles qui sont déjà convaincues des bénéfices de la RSE seront les premières sur qui compter. Dans certains cas, il faudra convaincre et « vendre l’idée de la RSE ».

Les 4 principaux bénéfices de la RSE

Pourquoi s’intéresser à la RSE? Les entreprises pratiquent la RSE parce que c’est une excellente façon de contribuer positivement au mieux-être commun. Une gestion fondée sur les principes de RSE présente de nombreux avantages pour l’entreprise et contribue à une bonne performance. Inversement, ignorer la RSE serait prendre des risques et mal se positionner stratégiquement. Une description est proposée pour les quatre principaux bénéfices.

 
 

1. La RSE, un signal positif pour le marché de l’investissement et les banques

Les pratiques de RSE sont le signe d’un leadership actualisé et diligent. Le marché de l’investissement tend à voir cet engagement d’un bon œil parce qu’il est signe d’une bonne gestion des risques et de nombreuses études démontrent un lien positif entre la RSE et la valeur boursière.

Les organisations de prêt et les marchés d’investissements facturent plus cher aux entreprises dont la performance est moins bonne en matière de RSE. Une étude du lien entre le coût du capital et la performance environnementale a analysé, sur une période de quinze ans, plus de 5 800 prêts bancaires et 13 000 observations de valeurs d’actions de firmes. Les résultats démontrent que, pour les entreprises qui ont une mauvaise performance environnementale, le taux d’intérêt est en moyenne de 20 % plus élevé et la demande de rendement annuel du capital investi, de 1,4 % plus élevée [1].

Les performances environnementales semblent donc importantes à considérer. En effet, 80 % des prêts mondiaux proviennent de banques qui prennent en considération les performances environnementales passées des emprunteurs [2].

2. Le lien étroit entre la RSE et l’acceptabilité sociale

L’acceptabilité sociale des activités, de l’anglais social licence to operate, se définit de la façon suivante :

« Résultat d’un jugement collectif à l’égard d’un projet, d’une politique ou d’une planification; ce jugement peut évoluer dans le temps et est influencé par un ensemble de facteurs [3]».

La RSE est un moyen de fonder et d’entretenir l’acceptabilité sociale

En effet, l’un des principes fondamentaux de la RSE est de chercher à entretenir des relations respectueuses et mutuellement avantageuses avec ses parties prenantes, notamment avec les instances locales et les communautés riveraines des activités de l’entreprise. Suivre ce principe conduit à l’intégration de l’entreprise dans son milieu et à la multiplication de ses alliés sur le territoire.

L’acceptabilité sociale a été mise de l’avant depuis plus de vingt ans par l’industrie minière[4] qui a réalisé que celle-ci est essentielle aux activités de l’entreprise et permet de diminuer les risques et les coûts opérationnels.

3. La RSE accroît l’efficacité opérationnelle

Plusieurs des pratiques de RSE contribuent à des réductions de coûts, à court, moyen et long terme, et donc à l’efficacité́ opérationnelle des entreprises, par exemple :

  • Un engagement envers la santé et la sécurité au travail (SST) réduit les frais d’assurance et de pénalités

  • Une préférence envers les processus et les technologies qui consomment moins d’énergie, de matières premières et de produits polluants réduit les dépenses d’achat

  • Un approvisionnement responsable permet un meilleur contrôle de la chaîne d’approvisionnement

  • Un milieu de travail sain et une participation à des projets de RSE influencent la motivation des employés

  • Une culture organisationnelle orientée vers la RSE favorise l’image de marque positive de l’employeur, facilite le recrutement et la rétention de personnel

  • Pour l’approvisionnement en énergie de son camp, Boisaco est passé du diesel au solaire. Le coût d’installation du système a été d’environ 30 000 $. Le rendement du capital investi a été constaté en moins d’un an. La transition a permis d’épargner 40 000 $ en coûts d’énergie pendant les quatre premières années, donc 160 000 $.

4. La RSE, une source d’avantages stratégiques et de qualification

La RSE peut être une source d’avantages compétitifs. L’industrie des produits de consommation en fournit plusieurs exemples, dont l’avantage compétitif de Volvo pour son engagement envers la sécurité des passagers ou celui de Toyota pour l’efficacité énergétique et la technologie hybride[5].

Les avantages stratégiques de la RSE sont aussi importants dans le marché des ressources et dans les relations d’entreprise à entreprise (business to business). En effet, les pressions faites par les groupes de pression et par les consommateurs sur les entreprises de grandes marques les poussent à intégrer des critères RSE dans le choix de leurs fournisseurs. Par exemple, des groupes environnementaux ont mené des campagnes qui ont visé des chaînes de distribution de meubles et de marques de papier mouchoir pour leur demander l’assurance de meilleures performances sociales et environnementales tout le long de la chaîne d’approvisionnement[6]. Dans un effet de domino, l’industrie forestière a suivi le mouvement, notamment par le biais de la certification environnementale.

Lorsque des entreprises clientes font face à de nouvelles exigences et les relaient à leurs fournisseurs, la RSE devient une nécessité pour maintenir son marché. Elle devient essentielle à sa qualification et primordiale à sa survie.


Outre la sensibilisation aux bénéfices de la RSE, certaines actions peuvent aussi faciliter l’engagement dans la démarche RSE. Le guide pratique « La responsabilité sociale des entreprises sur le territoire nord québécois » fournit des recommandations d’activités à mettre en place pour favoriser le succès d’une démarche RSE applicables à tous types d’organisations. Il propose également une feuille de route, ainsi que de nombreux outils utiles au démarrage ou renforcement d’initiatives de RSE. 

À propos de ce guide

Ce guide a été rédigé par Marie-France Turcotte et Annie Lachance de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.

Téléchargements

[1], [2] Turner, L. (2016). Environmentally risky firms must pay higher interest rates to banks and higher returns to shareholders. Network for Business Sustainability.

[3] Dans le cadre des travaux du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). Source : Gouvernement du Québec, 2019, p. 57.

[4] De-Miguel-Molina, B., B. García-Ortega et V. Chirivella-González. (2019). CEO letters: Social license to operate and community involvement in the mining industry. Business Ethics, vol. 28, no 1, p. 36-55.

[5] Porter, M. et M. Kramer. (2006). Strategy and society: The link between competitive advantage and corporate social responsibility. Harvard Business Review, vol. 84, no 12, p. 78-92 et 163.

[6] Turcotte, M., J. Reinecke et F. den Hond. (2014). Explaining variation in the multiplicity of private social and environmental regulation: A multi-case integration across the coffee, forestry and textile sectors. Business and Politics, vol. 16, no 1, p. 151-189.


Ressources Additionnelles