Du « quoi et pourquoi » au « comment »
L'évolution des compétences des PME concernant le développement durable
Ce qui frappe le plus à la lecture du Rapport des défis de développement durable des PME pour 2014, c’est le type de questions posées. Il nous donne une idée du chemin parcouru au cours des dernières années. Il ressort clairement que les PME sont maintenant préoccupées par le « comment faire » en matière de DD. Il n’y a pas si longtemps, cinq ans tout au plus, on demandait aux chercheurs et aux intervenants sur le sujet d’expliquer ce que signifiait et ce qu’impliquait le développement durable en contexte de PME. On questionnait aussi les raisons justifiant son intégration dans la stratégie et les politiques des PME.
Aujourd’hui, il semble que les PME sont prêtes à faire un pas de plus sur la voie du DD. Elles auraient atteint un stade « d’adolescence » en la matière, une étape de leur apprentissage où elles souhaitent s’outiller davantage pour faire face aux défis qui leur sont adressés. En termes de développement de compétence, nous assistons au passage du « savoir » au « savoir-faire et savoir-être ».
Se mobiliser pour répondre aux besoins des PME
Ce changement en matière de besoins des PME entraîne une altération de notre rôle comme professeurs, chercheurs, ou accompagnateurs en DD auprès des PME. Il nous force à plus de spécialisation en économie (élasticité-prix), en marketing (cibler et influencer le consommateur), en sciences de l’environnement (quantifier les retombées), en comptabilité verte, en communication, etc. En fait, nous en sommes aussi rendus là : sans perdre de vue l’ensemble, nous devons mieux maîtriser les parties pour soutenir plus efficacement la pratique des PME.
Cela dit, il convient ici de nuancer quelque peu ce portrait. Il faut garder en tête que les PME qui participent aux travaux du REDD sont sans aucun doute proactives. Elles s’impliquent et visent à intégrer les pratiques les plus avant-gardistes en la matière. Je les salue bien bas et les encourage à poursuivre sur cette voie. Elles ouvrent le chemin, elles nous stimulent et nous inspirent. Mais ces PME stratégiques ont des personnalités bien différentes d’autres PME beaucoup plus réactives et attentistes, ou d’autres encore qui souhaitent tout simplement éviter le sujet. Il faut aussi penser à celles-là qui demeurent « majoritaires » au Québec.
En ce sens, j’invite à la prudence envers l’appel à des initiatives de type « one size fit all » (p.ex. standardisation du DD). Les enseignements de Parker, Redmond et Simpson (2009) sont éclairants à ce sujet. Les PME ne forment pas un tout homogène et il convient d’adapter les politiques publiques et les formes d’accompagnement en considérant leur personnalité et leurs caractéristiques particulières. En ne ciblant pas les efforts selon les différents profils de PME, ou selon les diverses clientèles, il y a un risque de perdre en efficacité.
Sur ce, mettons-nous au travail pour répondre aux questions précises de nos leaders, y répondre leur sera utile immédiatement, puis le sera sans doute pour les autres types de PME quand elles seront mieux préparées à passer à l’action elles-aussi!
À propos de l’auteur
François LABELLE est professeur de management stratégique au Département des Sciences de la Gestion à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) où il est également chercheur à l'Institut de Recherche sur les PME (INRPME). Il est responsable du Laboratoire de Recherche sur le Développement Durable en contexte de PME et de Vigie-PME (www.vigiepme.org), un centre de veille informationnelle à ce sujet. Ses travaux portent spécifiquement sur la responsabilité sociale des PME et sur les modèles de gestion stratégique axés sur le développement durable.
Ressources
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