Les entreprises familiales polluent moins

exil_climatique_enjeu_sanitaire_nord.jpg

Comment améliorer son rendement environnemental en prenant exemple sur les entreprises familiales

Dans une entreprise, les PDG ou les membres de la haute direction privilégient parfois leurs propres objectifs (prestige, projets personnels, atténuation des risques) au détriment des autres parties prenantes. Par conséquent, de nombreuses initiatives environnementales ne sont rien de plus que de l’écoblanchiment. Ces entreprises non familiales cotées en bourse s’efforcent probablement de donner l’impression de respecter la réglementation. Par opposition, les entreprises familiales accordent une plus grande importance à leur rôle au sein de la communauté. Mais les entreprises familiales accordent-elles une plus grande valeur à l’environnement?

Pascual Berrone (IESE Business School), Cristina Cruz (IE University) Luis R. Gomez-Mejia (Texas A&M University) et Martin Larraza-Kintana ont comparé le rendement environnemental de 194 entreprises familiales et non familiales ouvertes aux États-Unis dans l’industrie manufacturière entre 1998 et 2002.

Cette recherche se concentrait sur des entreprises dans des secteurs industriels tenues de déclarer leurs émissions en vertu du programme Toxic Release Inventory de la Environmental Protection Agency (en général, de grandes entreprises avec des processus de fabrication très polluants). Les entreprises familiales étaient des entreprises dont au moins cinq pour cent des actions étaient détenues par des membres de la famille. L’échantillon total était composé de 194 entreprises, dont 101 entreprises familiales. Les chercheurs ont utilisé des données d’archives sur cinq ans provenant de cinq différentes sources : COMPUSTAT, la Securities and Exchange Commission, la Environmental Protection Agency, la base de données de LexisNexis Corporate Affiliations et le U.S. Census Bureau. Le rendement environnemental, soit la variable dépendante, était calculé en fonction des émissions de l’usine. Les auteurs ont testé les hypothèses à l’aide d’une régression par la méthode des moindres carrés et de variables indépendantes retardées.

“Le lien affectif que la famille entretient avec la communauté locale contribue à maintenir une obligation morale à son égard.”

Les auteurs ont constaté que les entreprises ouvertes familiales affichaient un meilleur bilan environnemental que les entreprises non familiales. Ils attribuent cette différence à l’importance que les propriétaires d’entreprises familiales accordent aux facteurs non économiques. En effet, l’entreprise procure une conscience de soi et une identité aux propriétaires d’entreprises familiales et ils ont tendance à penser à plus long terme. Ces propriétaires accordent une grande importance à leur image et à leur réputation, de même qu’à la reconnaissance de leur générosité.

De plus, les entreprises familiales présentent un meilleur rendement environnemental lorsque le siège social et les filiales de l’entreprise sont concentrés dans une même région étant donné que la communauté peut alors exercer des pressions ciblées (p. ex. dirigées vers une usine), ce qui les rend plus concrètes. Le lien affectif que la famille entretient avec la communauté locale contribue à maintenir une obligation morale à son égard.

Les chercheurs ont également constaté que les entreprises cotées en bourse dont les PDG possèdent des actions affichent des taux d’émissions supérieurs aux entreprises familiales et que les actionnaires ont tendance à prendre des décisions plus prudentes.

Les dirigeants d’entreprises cotées en bourse peuvent apprendre des entreprises familiales et améliorer leur rendement environnemental. Pour cela, ils doivent :

  1. Penser à long terme.

  2. Reconnaître la valeur de leur réputation.

  3. S’assurer que les primes concordent avec la stratégie et les valeurs de l’entreprise. Par exemple, les options d’achat d’actions encouragent les dirigeants à éviter les risques et à se concentrer sur les résultats financiers à court terme.Dans l’ensemble, cette recherche propose un nouveau raisonnement théorique, soit la richesse socioaffective, pour expliquer le rendement environnemental des entreprises. Les recherches futures pourraient élargir et élaborer ce positionnement théorique à d’autres contextes et à d’autres variables dépendantes.

Berrone, Pascual, Cristina Cruz, Luis R. Gomez-Mejia et Martin Larraza-Kintana. (2010) Socioemotional wealth and corporate responses to institutional pressures: Do family-controlled firms pollute less?Administrative Science Quarterly, 55 p. 82-113.

Téléchargements


Ressources Additionnelles