Action 1 : Le lobbying. Les dirigeants d'entreprise devraient directement faire pression pour imposer une législation radicale et agressive qui limiterait les émissions de GES. Une
taxe sur le carbone ou un
programme de dividende comme celui adopté par la Colombie-Britannique sont des exemples de législation s’attaquant au changement climatique.
Ces lois doivent être significatives et nationales, et non à la pièce. Bien que le Canada ait le mérite de mettre en œuvre des politiques climatiques dans certaines provinces, ces politiques ont tendance à être faibles (comme la
taxe sur le carbone de l'Alberta) et surpassées par des politiques opposées, tel que le démontre l’empressement du gouvernement fédéral à développer et exporter des sables bitumineux à forte intensité carbonique à travers le
pipeline Keystone XL.
De plus, le Canada offre de multiples occasions pour les entreprises qui souhaitent faire du lobbying pour lutter contre le changement climatique. En effet, un sondage par le Réseau Action Climat a rapporté que le Canada a la pire des politiques sur le changement climatique de tous les pays riches et est la quatrième pire nation parmi toutes, se classant 58e sur 61 pays (devant le Kazakhstan, l'Iran et l'Arabie Saoudite). Le dossier du pipeline Keystone serait une cible évidente au Canada pour le lobbying des entreprises.
Quelques initiatives d'activisme corporatif organisées sur le changement climatique commencent à émerger au Canada. Les entreprises intéressées par une action concertée peuvent désormais adhérer au
Conseil pour un capitalisme propre (Council for Clean Capitalism) récemment mis sur pied par Corporate Knights. Les entreprises canadiennes peuvent également se joindre à des coalitions d'entreprises aux États-Unis, telles que
Business for Innovative Climate and Energy Policy (BICEP) et le
American Sustainable Business Council.
Les entreprises peuvent également prendre des mesures unilatérales. Lorsque
Starbucks a placé des annonces pleine page dans les principaux journaux, elle a non seulement sensibilisé le public sur le changement climatique mais a également fait pression sur le gouvernement américain vu
la menace que constitue le changement climatique menace envers le café.
Action 2 : Enrôlez vos associations industrielles. De nombreuses associations industrielles ont entravé les politiques climatiques par le passé. De nos jours, les dirigeants doivent donc insister pour que leurs associations industrielles cessent de s'opposer à ces politiques et se défassent d’associations à des groupes qui maintiennent cette opposition. Pacific Gas & Electric, Apple et Nike ont montré ce type de leadership quand ils ont publiquement
renoncé à leur affiliation à la Chambre de commerce américaine vu son opposition à la régulation sur les gaz à effet de serre. L’incohérence entre les initiatives des entreprises qui, d’une part encouragent l'adoption de politiques sur le changement climatique et qui, d’autre part, financent des groupes s’y opposant,
commence déjà à être relevée par l’opinion publique.
Action 3 : Tirez parti de votre chaîne d'approvisionnement. Les chefs d'entreprise doivent exiger de leurs fournisseurs d'évaluer leur impact sur le climat et l’établissement d’objectifs communs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Plus de 50 entreprises font exactement cela avec plus de 1000 de leurs fournisseurs dans le monde entier par l'intermédiaire du Programme de la chaîne d'approvisionnement du Carbon Disclosure Project. Dans la mesure où plus d’acheteurs demanderont de leurs fournisseurs d’évaluer et de réduire leur bilan de carbone,
plus de fournisseurs réagiront en partageant leurs émissions de GES et leurs objectifs.
Les gestionnaires qui sélectionnent des fournisseurs devraient fortement peser leur préoccupation et soutien envers les politiques climatiques. Promouvoir l'action dans la chaîne d'approvisionnement sensibilise les entreprises aux changements climatiques, et peut être particulièrement importante dans les pays où les entreprises ne peuvent directement influencer les politiques du gouvernement. Il s’agit aussi d’une influence multiplicatrice, qui peut considérablement étendre la portée d'une entreprise.
Dell et Wal-Mart sont des exemples à suivre en la matière. Cela est-il suffisant? Non, il n'y a tout simplement pas assez d'entreprises, exerçant suffisamment de pression, sur suffisamment de fournisseurs pour atteindre un objectif de 2°C seulement d’augmentation. Une prise de position publique sur la politique climatique est beaucoup plus importante parce que cela peut conduire à des politiques gouvernementales contraignantes permettant d’atteindre un objectif de 2°C. Et les efforts du travail de Dell et Wal-Mart sur ce front sont limitées.
Action 4 : Communiquez vos efforts. Les entreprises qui s'engagent dans les actions 1-3 doivent communiquer ce qu'elles ont fait pour permettre aux clients et fournisseurs d’apprécier leur leadership, tout comme le fait Starbucks. Ce marketing est une forme d'éducation climatique, et pourrait inspirer d'autres entreprises à se joindre à elles en prenant ces mesures.