Votre chaîne d’approvisionnement est-elle efficace ou flexible?

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Identifiez les forces de votre entreprise pour répondre aux demandes de vos parties prenantes

Les gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement se soucient depuis toujours du respect des délais, des coûts et de la qualité. Mais depuis ces dernières années, ils doivent également tenir compte d’une nouvelle dimension : les attentes des parties prenantes. En effet, les entreprises sont de plus en plus tenues responsables des répercussions sociales et environnementales de leur chaîne d’approvisionnement. Nike, Mattel et Dell ont d’ailleurs montré que les entreprises ne peuvent pas se dissocier de leurs fournisseurs – du moins, pas aux yeux du public. Les entreprises sont donc contraintes de se soucier de la performance sociale et environnementale de l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement.

Les chaînes d’approvisionnement peuvent être conçues pour procurer de la valeur aux consommateurs de deux façons : elles peuvent être efficaces ou flexibles. Les chaînes d’approvisionnement efficaces fonctionnent bien pour des produits bien établis ou des produits de base dont la demande est prévisible. Les chaînes d’approvisionnement flexibles et novatrices sont mieux adaptées aux produits personnalisés ou en évolution et dont la demande est variable.

Les entreprises peuvent améliorer leur chaîne d’approvisionnement en se concentrant sur les aspects techniques (p. ex. une meilleure conception des composantes) ou relationnels (p. ex. harmoniser les primes et créer des objectifs communs avec les fournisseurs). Ces deux aspects se retrouvent tant dans les chaînes d’approvisionnement efficaces que flexibles, mais sous des formes différentes. De quelle manière la conception de la chaîne d’approvisionnement et les aptitudes de l’entreprise se répercutent-elles sur sa capacité à satisfaire aux exigences sociales et environnementales? Et quelles en sont les conséquences sur les bénéfices?

Selon les chercheurs Anne Parmigiani (Lundquist College of Business, Université de l’Oregon), Robert Klassen (Richard Ivey School of Business, Université de Western Ontario) et Michael Russo (Lundquist College of Business, Université de l’Oregon), la réponse serait liée à deux facteurs : le contrôle (la capacité de l’entreprise à influer sur les décisions de la chaîne d’approvisionnement) et la responsabilité (dans quelle mesure les entreprises sont tenues de justifier leur décision).

Ces deux facteurs mis ensemble sont définis comme « l’exposition aux parties prenantes ». La chaîne d’approvisionnement d’une entreprise est exposée à différents niveaux aux réactions, à la critique et aux commentaires des clients, des communautés intéressées et des ONG concernant les aspects environnementaux et sociaux de leurs activités. Les entreprises sont le plus fortement exposées au regard des parties prenantes lorsque le contrôle et la responsabilité sont tous deux élevés – autrement dit, lorsque les parties prenantes nourrissent des attentes élevées envers l’entreprise et lorsque celle-ci peut exercer un contrôle important sur sa chaîne d’approvisionnement. Que peuvent faire ces entreprises pour tirer parti de leur position de façon constructive?

Celles qui possèdent une chaîne d’approvisionnement efficace peuvent miser sur leur expertise technique en matière d’amélioration des processus afin de mettre en œuvre des initiatives axées sur la technologie, telles que l’analyse de l’empreinte carbone. À l’inverse, les entreprises qui possèdent une chaîne d’approvisionnement flexible peuvent se concentrer sur des innovations de produits s’appuyant sur le principe d’éco-conception du « berceau au berceau » ou essayer d’offrir des services d’entretien des produits. En ce qui concerne les capacités relationnelles, les entreprises dotées de chaînes d’approvisionnement efficaces peuvent se concentrer sur l’utilisation de mécanismes de mesures sociales et environnementales et de reddition de compte (comme Walmart), tandis que les entreprises dotées de chaînes d’approvisionnement flexibles peuvent miser sur la confiance pour créer des actifs partagés, tels que des pratiques de recyclage.

La configuration de la chaîne d’approvisionnement sous-tend donc le développement des capacités sociales ou environnementales d’une entreprise, qui peuvent à leur tour stimuler sa performance en matière de développement durable. Les entreprises qui possèdent davantage de contrôle et de solides capacités techniques peuvent créer des résultats « gagnants-gagnants » en tirant parti de leurs capacités sociales et environnementales. Par exemple, les gestionnaires de Sony se sont appuyés sur le contrôle et le savoir-faire technique de l’entreprise pour remplacer rapidement des intrants en réponse aux préoccupations des autorités de réglementation néerlandaises concernant les niveaux de cadmium dans les consoles PlayStation.

Les entreprises tenues fortement responsables par les parties prenantes s’en sortent mieux lorsqu’elles possèdent de solides compétences relationnelles, qui favorisent un meilleur suivi et la collaboration. Quand Trader Joe a été visé par un boycott organisé par Greenpeace parce que l’entreprise vendait des produits contenant des ingrédients transgéniques, le détaillant a collaboré avec ses fournisseurs et avec Greenpeace pour élaborer de nouvelles formules pour ses produits et effectuer ensuite des tests aléatoires afin de prouver que l’entreprise avait répondu aux exigences.

Bien entendu, l’idéal est de posséder de solides compétences techniques etrelationnelles. Par exemple, Hewlett-Packard est suffisamment efficace pour offrir une concurrence élevée en termes de prix faibles et de volumes importants, mais l’entreprise est également connue pour l’importance qu’elle accorde à l’innovation. Ces deux aspects contribuent à améliorer sa performance environnementale et sociale.

Alors, quel lien existe-t-il entre l’exposition aux parties prenantes et les capacités sociales et environnementales d’une entreprise avec son rendement économique? L’« avantage » d’être observé est que les entreprises qui sont le plus fortement exposées au regard des parties prenantes ont le plus à gagner de leurs bonnes actions environnementales.

Parmigiani, Anne, Robert D. Klassen, and Michael V. Russo. (2011) Efficiency meets accountability: Performance implications of supply chains configuration, control, and capabilities. Journal of Operations Management, 29, 212-223.

Résumé Par

Pamela Laughland et l'équipe du REDD


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