Noël et la surconsommation alimentaire

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La période de Noël est souvent le symbole de l’opulence et de la surconsommation, aussi bien sous le sapin que dans les assiettes. Mais quel est réellement l’impact qu’a notre consommation sur la planète ?

De nombreux chercheurs rappellent que nos habitudes alimentaires, exacerbés au moment des fêtes, ne sont pas sans conséquence.
En ligne de mire; la remise en cause de notre consommation de protéines animales. La production de viande dépend du rythme de croissance de la population mondiale et de ses coutumes alimentaires; elle est en constante augmentation, connaissant une hausse annuelle de 2,3% en moyenne au cours des 10 dernières années (source : FAO). Selon Consogloble, il faudrait augmenter la production de viande de 70% d’ici 2050 pour pouvoir répondre aux besoins de la population.

Si la consommation de viande est globalement en baisse dans les pays de l’OCDE depuis quelques années, elle a été multipliée par 4 dans le monde au cours des 50 dernières années. Des données indiquent que la consommation de volaille connaît aussi une véritable expansion et a doublé aux États-Unis entre 1970 et 2016.

Une surconsommation alimentaire nocive à deux niveaux

Une consommation alimentaire démesurée, et en particulier de viande est nocive pour la santé. Comme le rappelle l’étude de Richard Dobbs, en 2014 plus de 2,1 milliards d’habitants étaient en surpoids. Ce problème pourrait concerner la moitié de l’humanité d’ici 2030. Il y a aujourd’hui trois fois plus de risques de mourir d’obésité que de famine dans le monde.

Et ce n’est pas seulement notre santé qui est mise à mal par cette surconsommation, c’est aussi l’ensemble des écosystèmes de la planète. Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), les élevages sont responsables de près de 60% des pertes de la biodiversité.

En effet, l’élevage mobilise 80% des terres agricoles afin de fournir les espaces nécessaires et produire la nourriture indispensable à la croissance des animaux. 75% de la déforestation de l’Amazonie s’est fait au profit de la production de viande ou d’aliments qui iront nourrir le bétail. C’est donc la survie des grandes forêts primaires, notamment celles en Amazonie et en Indonésie qui sont également mises en péril. Et les arbres que l’on coupe nous privent de formidables puits de carbone.

Les GES en forte hausse dans l’agriculture

La consommation de viande pèse très lourdement sur le climat. En 2014 dans le monde, l’élevage était à lui seul responsable de près de 15,5% émissions de CO2. C’est le deuxième secteur le plus polluant après celui du logement (chauffage et électricité) qui représente 30% de ces émissions, suivi de près par le transport (15%) (Source Consoglobe). Un récent reportage de Radio-Canada illustre l’empreinte carbone de la production de ce que l’on mange en la comparant à une distance parcourue par une voiture de type Berline : 1 kg de viande bovine équivaudrait à 176 km, 1 Kg de porc à 79 km et 1 Kg de volaille représenterait 45 km de pollution. Toutes les viandes n’auraient donc pas le même impact sur l’environnement.

La revue NATURE vient de publier une étude qui démontre que l’élevage est également responsable d’une pollution sous-considérée : celle de l’ammoniac (NH3), un produit plus polluant que le CO2. Ce composé chimique dégage des particules fines qui attaquent les voies respiratoires et acidifie l’environnement. Une cartographie des zones les plus exposés dans le monde a même été réalisée. Les dommages sur les écosystèmes dus à l’agriculture intensive vont probablement être revus à la hausse par les chercheurs dans les mois à venir.

Opacité de l’information dans le secteur alimentaire

Dans le secteur laitier par exemple, une analyse de cycle de vie au Canada réalisée par le CIRAIG a prouvé que l’alimentation du bétail, les méthodes de stockage du fumier et la fertilisation des cultures représentent la plus grande production de GES (voir notre rapport sur la rentabilité du développement durable).

Le CERES, quant à lui, a récemment démontré que 86 % de l’empreinte carbone des entreprises du secteur alimentaire était de type scope 3. C’est-à-dire qu’il vient de l’extraction des matières premières, de leur transformation et de leur transport jusqu’à l’usine de production des aliments. Puisque les entreprises divulguent seulement les émissions du scope 1 et 2, peu d’informations sont connues sur l’ensemble des GES produits.

D’ailleurs, seulement 15 des 50 plus grandes entreprises alimentaires aux États-Unis et au Canada divulguent publiquement leurs émissions de gaz à effet de serre provenant de la production agricole. Notons qu'en 2017, les 15 plus importantes entreprises américaines et canadiennes dans le secteur agroalimentaire qui ont communiqué des informations sur leur GES ont émis l’équivalent annuel de CO2 de 156 centrales à charbon.

Cependant, comme il faut bien se nourrir, doit-on pour autant dire non aux festivités traditionnelles ? Le temps des fêtes pourrait nous inviter à chercher des pistes de solutions, comme par exemple réduire le gaspillage alimentaire en faisant attention aux quantités, sachant qu’il y en a souvent trop. Selon la FAO, c’est 28 % de la production alimentaire mondiale qui serait jetée chaque année.

Cela correspondrait, en moyenne, à la superficie du Canada et de l’Inde réunit qui servirait à produire de la nourriture perdue ou gaspillée chaque année !

Plus généralement, une des voies de solution est de réduire la consommation de matière animale et de passer à un régime « flexitarien », c’est-à-dire diminuer la consommation de protéines carnées sans pour autant devenir végétarien. Un défi pour les célébrations qui viennent : revoir le menu pour replacer un ou deux des éléments carnés par des délices végétariens.

Autres Sources

Gilding, P. (2018, Nov 16). Pour le climat, produisons moins de viande. Les EchosRetrieved from https://search-proquest-com.proxy.bibliotheques.uqam.ca/docview/2134281154?accountid=14719


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