Entreprendre autrement : des approches entrepreneuriales alternatives et durables

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Découvrez les alternatives entrepreneuriales qui permettront à votre entreprise d'être plus durable et socialement responsable

De par le monde, on constate une volonté de changement. Des réformes législatives et sociales poussent les entreprises, quelle que soit leur taille, vers un entrepreneuriat plus durable et socialement responsable. Pour réussir dans cette démarche, les entreprises ne doivent pas hésiter à faire preuve d’innovation en s’éloignant de l’entrepreneuriat classique ou commercial, qui est marqué par l’atteinte de profits économiques uniquement. Pour ce faire, il n’existe pas de démarche unique, que ce soit dans les pays en émergence ou ici au Québec, les alternatives entrepreneuriales qui s’offrent aux PME sont diverses et nombreuses.

Une vague d’innovation dans les pays en émergence

Les entrepreneurs dans les pays en émergence font face à des pressions croissantes pour adopter des pratiques de gestions plus durables. Au-delà du consensus international qui semble émerger, tel que le reflète l’endossement des principes du développement durable par diverses instances comme l’OMC, l’OIT ou l’ONU, ces PME font aussi face à des pressions internes. Ces dernières sont pour la plupart axées sur l’amélioration de la performance sociale des entreprises. Afin de mieux répondre aux standards internationaux ainsi qu’aux revendications locales, les entrepreneurs des pays émergents sont donc poussés à revoir leurs façons de faire.

En Tunisie, par exemple, encouragés par la révolution sociale au début de 2011, les employés des secteurs public et privé n’ont pas hésité à revendiquer des hausses salariales et une amélioration de leurs droits sociaux. Bien qu’il existe certaines contraintes à la mise en place d’actions concrètes vis-à-vis du développement durable (le manque de ressources financières, de personnel qualifié, d’intégration de la RSE dans la formation des cadres et un cadre réglementaire défaillant), plusieurs entrepreneurs ne se limitent plus à faire le strict minimum face aux pressions qu’ils subissent et comptent répondre à ces demandes sans y être formellement obligés. Ils sont encouragés à revoir leurs pratiques managériales, entre autres en ce qui a trait à la gestion des ressources humaines, pour rendre celles-ci plus socialement responsables. Ils parlent d’une gestion de ressources humaines participative par opposition à une gestion purement opérationnelle.

D’autres pratiques comme la reddition de comptes extra-financières commencent aussi à se propager. Ces outils permettent peu à peu aux entreprises des pays émergents d’intégrer le développement durable au cœur même de leur stratégie d’affaires comme le démontre le cas de Buffalo Tours, une entreprise touristique située au Vietnam. Au niveau institutionnel, certains pays mettent de l’avant des instruments liés à l’étude et à la promotion d’un entrepreneuriat responsable, comme l’INDH au Maroc (Initiative nationale pour le développement humain). Les pays en émergence sont donc bien engagés sur la voie du développement durable, ce qui constitue une innovation en relation avec des formes d’entrepreneuriat plus classique. Dans les pays occidentaux, des approches réellement innovatrices sont aussi en émergence, en voici deux exemples.

L’approche collaborative

Une pratique entrepreneuriale innovatrice qui est en train de faire ses preuves au Québec et ailleurs est celle de la collaboration. Ce type de pratique est fondé sur l’échange d’information, la création de réseaux et le regroupement d’entreprises favorisant l’accès à des ressources qui sont plus difficilement accessibles individuellement. Un exemple intéressant de collaboration au Québec est celui des symbioses industrielles, aussi appelé écologie industrielle : des réseaux d’entreprises maillées entre elles par des synergies ou des échanges de matières résiduelles (eau, énergie ou services). Ceci repose sur un mécanisme simple où, par exemple, les déchets d’une entreprise (extrants) deviennent la matière première d’une autre entreprise (intrants). La mise en commun de ces matières sert donc à la génération d’autres produits. Le développement d’un déglaçant routier non corrosif et biodégradable, extrait entre autres de scories d’aciérie en est un exemple. Les avantages de tels maillages sont non seulement environnementaux, mais aussi économiques et sociaux, ils génèrent pour les entreprises des bénéfices directs tels que la diminution des coûts, les revenus générés par la vente de sous-produits ou d’énergie, la réduction de l’empreinte écologique de l’entreprise ainsi que l’amélioration de l’image corporative.

Alors que cette approche demeure émergente, un défi pour cette approche est l’atteinte et le maintien d’une vision commune qui tienne compte des objectifs des différentes PME collaboratrices. Le changement des objectifs individuels des entreprises impliquées peut poser une contrainte majeure au maintien de leurs liens et au succès de la coopération entre elles. Dans quelques années, il sera donc intéressant d’évaluer les facteurs de succès de ce nouveau type de collaboration industrielle.

L’entrepreneuriat social

Certaines entreprises vont encore plus loin que la simple collaboration en adoptant comme objectif corporatif premier la réponse à un enjeu de la société, de sorte qu’on les nomme entreprises sociales. Ces entreprises, bien sûr, tentent néanmoins de générer des revenus qui leur permettront d’être auto-suffisantes. La différence entre une entreprise classique et une entreprise sociale est donc une question de priorité et non de définition. L’important est d’arriver à un compromis entre la génération de profits et l’atteinte d’objectifs sociaux et environnementaux.

Cette alternative est non seulement intéressante en soi, mais aussi par le fait qu’elle questionne le système existant. L’existence de l’entrepreneuriat social appelle à la redéfinition de la notion de succès d’entreprise. En effet, en posant l’atteinte d’objectifs sociaux comme priorité de l’entreprise, cette démarche élargit la vision plus classique du succès entrepreneurial qui passe donc de l’atteinte d’un simple bilan financier positif à la volonté de satisfaire un triple bilan qui prendrait en considération des objectifs sociaux et environnementaux. Un exemple d’entrepreneuriat social qui vaut la peine d’être cité est celui de la Société de développement social de Ville-Marie. Cette entreprise via le soutien à la réinsertion professionnelle d‘individus en difficulté, contribue à ce que des entreprises du secteur privé intègrent l’atteinte d’objectifs sociaux dans leurs objectifs généraux et élargissent ainsi leur vision de la réussite.

Ces approches sont loin d’être uniques, elles ne sont en fait que des exemples d’un mouvement plus profond où les entrepreneurs tentent de redéfinir leurs pratiques de gestion afin qu’elles s’insèrent dans le cadre des valeurs promues par le développement durable. De nombreux chercheurs et professionnels évaluent présentement des façons innovatrices de faire le rapprochement entre l’entrepreneuriat et le développement durable. Ils proposent des démarches alternatives comme l’éco-socio-conception, qui vise l’intégration de la responsabilité sociétale à la conception du produit. Ils étudient l’importance de l’engagement des parties prenantes ou encore l’intégration de notions nouvelles telles que le patrimoine dans la conception du développement durable ainsi que la nécessité de définir de nouveaux critères d’évaluation du succès des entreprises. Des pistes dont plusieurs mèneront sûrement à un triple bilan plus positif pour les entreprises à venir.


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