Les meilleurs rapports de développement durable reposent sur la confiance
Conseils pour préparer des rapports de développement durable efficaces
Chaque mois, le REDD met en lumière un défi clé pour les dirigeants d'entreprises en matière de développement durable. Ces défis ont été identifiés par le Conseil des Leaders du REDD, un groupe d'entreprises canadiennes reconnues pour leur leadership en matière de développement durable.
Ce mois-ci, Irene Herremans de l’Université de Calgary propose des conseils pour préparer des rapports de développement durable efficaces.
Quelle est la valeur d’un rapport publié mais dont personne n’est convaincu? Pour que les parties prenantes puissent croire et utiliser les renseignements contenus dans un rapport de développement durable, ils doivent faire confiance à l’entreprise qui le publie. Le dernier baromètre de confiance d’Edelman constate que les gens sont davantage enclins à croire des renseignements négatifs que positifs concernant une entreprise, à moins qu’ils ne fassent confiance à cette entreprise. Et pour bâtir la confiance, les entreprises doivent procurer des informations crédibles – soit des renseignements exacts, utiles et qui témoignent réellement de leurs activités.
Même si 95 pour cent des entreprises qui figurent dans la liste Global 250 publient des rapports de développement durable, selon la dernière enquête internationale de KPMG, ce chiffre révèle peu de choses sur la qualité des rapports et sur la confiance qu’ils suscitent.
Comment préparer des rapports de développement durable crédibles et fiables?
Pour publier des rapports fiables, les entreprises doivent se doter de systèmes de préparation de rapports et de méthodes de communication solides. Des systèmes organisationnels de grande qualité en matière de préparation de rapports permettent d’assurer l’exactitude de l’information. Des communications de grande qualité permettent de s’assurer que les rapports sont utiles pour les parties prenantes qui souhaitent prendre des décisions.
Les systèmes organisationnels clés liés à la préparation de rapports comprennent les aspects suivants :
Une mission et des objectifs clairs. Le rapport devrait découler de ces engagements, afin de montrer les progrès réalisés par l’entreprise pour les atteindre. (Des énoncés de politiques supplémentaires peuvent être nécessaires pour accorder suffisamment d’importance au développement durable.)
Des structures organisationnelles permettant de gérer les données. Les gestionnaires devraient désigner des responsables de la collecte de données, donner des conseils en matière d’analyse des données et discuter des possibilités d’amélioration.
Des systèmes de gestion qui accordent la priorité au développement durable. Les employés qui travaillent pour des entreprises qui se sont engagées à l’égard du développement durable ont tendance à adopter des comportements éthiques, même si le rendement n’est pas surveillé. Par exemple, le chef des finances de Suncor est autant responsable des indicateurs environnementaux et sociaux que des indicateurs financiers, auxquels il accorde tous la même pondération.
Un examen par un certificateur et un groupe de parties prenantes. Les certificateurs (vérificateurs) vérifient l’exactitude des données mais n’évaluent pas le rendement. Le groupe de parties prenantes effectuera des commentaires sur le rapport et le rendement. Les parties prenantes peuvent donner une rétroaction sur la lisibilité du rapport et son contenu – par exemple, si les thèmes importants sont correctement abordés et si le rendement correspond aux engagements de l’entreprise.
Pour assurer des communications de qualité, il faut notamment :
Utiliser les lignes directrices en matière de préparation de rapports de la Global Reporting Initiative (GRI). La GRI a été conçue dans le cadre d’un processus multipartite dans l’intention de répondre aux besoins en matière d’information des utilisateurs.
Indiquer les progrès en présentant le rendement par rapport à des indicateurs de référence. Les entreprises comparent généralement leur rendement avec leurs résultats passés. Les parties prenantes sont davantage intéressées à connaître le rendement de l’entreprise par rapport au reste de l’industrie. Au Canada, les entreprises énergétiques se comparent souvent avec la moyenne de l’industrie proposée par l’Association canadienne des producteurs pétroliers.
Démontrer son engagement en établissant des objectifs. Les objectifs doivent être en lien avec les priorités de l’entreprise.
Utiliser de nombreux moyens de communication. Il est nécessaire de diversifier les moyens de communication étant donné que les rapports de développement durable concernent de nombreuses parties prenantes. Les moyens de diffusion appropriés comprennent le rapport annuel de l’entreprise, un rapport consacré exclusivement au développement durable, le site Web de l’entreprise ainsi que les partenariats avec des ONG telles que le Carbon Disclosure Project. L’information diffusée par tous ces moyens devrait être cohérente.
Selon KPMG, les entreprises européennes sont des chefs de file mondiaux en ce qui concerne les deux aspects nécessaires pour préparer des rapports dignes de confiance : les systèmes de préparation de rapports et les méthodes de communication. En revanche, les systèmes de préparation de rapports de développement durable des entreprises nord-américaines sont particulièrement faibles. Il faut du temps et des efforts pour renforcer ses systèmes; il se peut que les entreprises européennes soient des chefs de file en la matière car elles préparent ce type de rapports depuis plus longtemps que les entreprises nord-américaines.
La confiance commence chez soi : les entreprises doivent croire en la capacité des rapports
Les entreprises doivent considérer que les rapports procurent de la valeur afin d’effectuer les efforts nécessaires. Idéalement, les rapports de développement durable doivent être motivés par des valeurs internes ou une appréciation des avantages que ces rapports procurent à l’entreprise. Trop souvent, les entreprises décident de produire des rapports pour faire face à des pressions externes exercées, par exemple, par les gouvernements et les actionnaires institutionnels. Les catastrophes environnementales ou sociales qui mettent en question le contrat social qui sous-tend les activités de l’entreprise peuvent également la motiver à produire des rapports.
Dans ce type de situation, les entreprises se trouvent dans une position défensive où elles s’efforcent de démontrer rapidement qu’elles sont des citoyens responsables. Les entreprises ne possèdent pas la capacité interne de fournir une information de qualité et fiable. Les entreprises proactives, qui commencent à produire des rapports en l’absence de pressions externes, ont le temps de mettre au point les systèmes et les moyens de contrôle internes nécessaires pour communiquer des renseignements fiables qui concordent avec leur rendement.
Mais lorsque ces entreprises commencent à produire des rapports, elles comprennent généralement les nombreux avantages liés à cette pratique. Il est rentable de rapporter des informations fiables, même si les avantages ne sont pas automatiques et en grande partie intangibles et difficiles à quantifier. Néanmoins, il est possible de comprendre comment le rendement environnemental et social vient compléter le rendement financier. Par exemple, Baxter, entreprise pharmaceutique et d’instruments médicaux, publie des états financiers environnementaux , qui monétisent les coûts et les avantages de ses activités d’intendance. En moyenne, Baxter déclare un rendement de 3 $ par année pour 1 $ investi. Les rapports permettent à l’entreprise de déterminer exactement dans quels domaines elle doit concentrer ses ressources pour augmenter son rendement.
L’étape suivante consiste à préparer des rapports intégrés, dans lesquels les renseignements environnementaux et sociaux sont regroupés avec les états financiers dans un seul rapport. Les rapports intégrés montrent que l’entreprise a compris que le rendement environnemental et social constitue un moyen complémentaire permettant d’améliorer le rendement financier. Ce type d’engagement produit les rapports les plus crédibles et fiables et procure les renseignements les plus utiles pour aider les parties prenantes à prendre des décisions.
Biographie
Dr. Irene Herremans est professeure de comptabilité, de tourismes et de gestion environnementale à la Haskayne School of Business. Ses intérêts de recherche portent sur de nombreuses questions contemporaines, et notamment les systèmes de contrôle de gestion et de l'environnement, la performance environnementale, le commerce international, le capital intellectuel et l'évaluation des performances.
Ressources supplémentaires
L’Université de Calgary propose des modules en ligne (en anglais) sur les principaux aspects liés à la préparation de rapports sur le développement durable, essentiellement axés sur la crédibilité, le rendement et les certifications. Ce projet a été financé en partie par le Réseau entreprise et développement durable.