Une façon abordable de profiter de l’économie circulaire
Vous pouvez effectuer une analyse de pointe de manière efficace et efficiente. Concentrez-vous sur certains matériaux seulement et utilisez les données disponibles.
Clyde Hull, Ph. D., est professeur en gestion au Rochester Institute of Technology.
Dépenseriez-vous des millions pour trouver une idée à un million de dollars? Probablement pas.
L’économie circulaire est reconnue – à juste titre – comme une voie importante vers la durabilité. Mais elle peut entraîner des coûts prohibitifs.
L’économie circulaire élimine le gaspillage en réutilisant continuellement les ressources. Elle présente des avantages économiques, notamment des possibilités de réduire les coûts, de s’intégrer verticalement et même de modifier le marché en votre faveur.
Mais mettre en place un modèle d’entreprise circulaire peut être difficile et coûteux. Imaginez si vous deviez appeler toutes les entreprises autour de vous pour savoir si l’une d’entre elles peut utiliser vos déchets, ou si vous pourriez utiliser ses déchets comme intrants.
Mes collègues et moi voulions trouver une meilleure solution.
Nous avons commencé par l’analyse des flux de matières (AFM), une technique qui permet de trouver des occasions d’économie circulaire.
L’AFM suit les flux (et les stocks existants) de matériaux dans un système qui, dans votre cas, serait l’économie locale dans laquelle vous exercez vos activités. Elle aide à déterminer les activités de l’économie linéaire que vous pouvez remplacer par des activités de l’économie circulaire. Les matériaux qui ne sont pas réutilisés constituent une occasion potentielle.
Les AFM permettent de trouver des occasions auxquelles personne n’avait encore pensé, ce qui vous donne la chance d’être le premier à les exploiter. Et malgré sa complexité, une AFM typique demeure plus efficace que de multiplier les appels téléphoniques de manière non ciblée.
Cependant, une AFM nécessite normalement une multitude d’informations qui peuvent être coûteuses à recueillir et exhaustives à traiter. Cela signifie qu’il serait possible de réaliser une AFM pour la ville de Londres, mais qu’une telle analyse serait trop coûteuse pour qu’un gestionnaire ordinaire puisse l’utiliser pour repérer de nouvelles occasions d’affaires.
Efficace? Très. Efficient? Pas tant que ça.
Simplifier l’AFM
Sherwyn Millette, Ph. D, Eric Williams, Ph. D, et moi-même avons tenté de résoudre ce problème dans un projet que nous avons publié ce mois-ci. Nous avons simplifié l’approche traditionnelle de l’AFM pour la rendre plus efficiente et plus abordable sans réduire son efficacité.
L’AFM simplifiée utilise les données disponibles au lieu de vous obliger à chercher de nouvelles données, et elle se concentre sur certains matériaux seulement au lieu de tous les matériaux possibles. Une telle AFM ne permettra pas de trouver toutes les occasions possibles, mais si vous choisissez judicieusement votre objectif, elle devrait trouver des occasions rentables et durables réalisables par votre entreprise.
La clé d’une AFM suffisamment efficiente pour être abordable et suffisamment efficace pour en valoir la peine consiste à choisir un type de matériau, comme le plastique, comme votre point de mire. Ainsi, vous devez tenir compte de trois facteurs : 1) la disponibilité des données, 2) les matériaux disponibles selon les données (parce qu’ils sont mis en décharge) et 3) les matériaux avec lesquels vous pouvez travailler.
Contrairement à une AFM complète, vous ne disposez pas de données exhaustives sur tout ce qui se passe dans le système. Vous disposez des données disponibles gratuitement ou à peu de frais. Concentrez-vous sur cette information. Voyez quels matériaux sont jetés et appréciez l’ironie du fait que, dans ce contexte particulier, plus de déchets signifie plus de possibilités.
Vous serez le mieux placé pour savoir avec quels matériaux vous pouvez travailler. Le plastique, par exemple, peut être une bonne option. Il peut être utilisé comme combustible, recyclé comme matière première, etc.
Mise à l’essai de l’outil
Nous voulions mettre notre approche simplifiée à l’essai. Nous avons cherché un milieu où il n’était pas facile d’obtenir des données.
Trinité-et-Tobago est un pays insulaire avec une économie en développement. Les données disponibles étaient limitées, mais adéquates aux fins d’analyse. Étant donné que l’AFM est une analyse systémique, nous avons étudié les flux et les stocks à l’échelle du pays. Les entreprises et d’autres acteurs peuvent ensuite utiliser les résultats pour rendre le système plus circulaire.
Nous avons notamment utilisé les statistiques gouvernementales disponibles sur le commerce. En observant les données, nous avons constaté qu’il y avait beaucoup d’information sur le plastique. Nous pouvions savoir d’où il venait, à quoi il servait, quelles entreprises de l’île pouvaient utiliser quelles sortes de plastique, quelle quantité se retrouvait dans les décharges, etc. Non seulement nous disposions de beaucoup d’information sur le plastique, mais il y avait aussi beaucoup de plastique avec lequel nous pouvions travailler. Nous nous sommes donc concentrés sur le plastique.
Une partie de nos constatations a été utile pour le gouvernement. Nos résultats laissaient penser qu’il serait bénéfique pour l’environnement d’interdire un type de plastique en particulier sans nuire aux entreprises locales. Le gouvernement de Trinité-et-Tobago a maintenant interdit ce type de plastique.
Et une partie de nos conclusions a été utile pour les entreprises. Près de la moitié du plastique mis en décharge à Trinité-et-Tobago provient des emballages et non des produits eux-mêmes. Les entreprises locales pourraient utiliser ce plastique dans leurs propres processus de fabrication. Nous avons cerné de nombreuses occasions d’économie circulaire qui réduiraient à la fois les coûts des fabricants locaux et les déchets dans les sites d’enfouissement.
Certains plastiques pourraient par exemple être convertis directement en énergie pour une entreprise locale de ciment, tandis que d’autres pourraient être recyclés pour fabriquer de nouvelles bouteilles dans une usine locale pour les fabricants locaux de boissons. Ces deux occasions permettaient non seulement de réduire les coûts et d’augmenter les profits des entreprises, mais aussi de réduire les déchets et d’augmenter l’indépendance de l’économie locale.
Rendre l’économie circulaire accessible
A Trinité-et-Tobago, nous avons réalisé l’analyse complète pour moins de 50 000 $ US.
Est-ce que cela vaut cinquante mille dollars de trouver une occasion d’augmenter vos profits de plus de cinquante mille dollars, voire beaucoup plus, tout en réduisant les dommages environnementaux?
Probablement.
Lire l’article : Millette, S., Williams, E. et Hull, C. Eiríkur. (2019). Materials flow analysis in support of circular economy development: Plastics in Trinidad and Tobago. Resources, Conservation, and Recycling.
À propos de l’auteur
Clyde Eiríkur Hull, Ph. D, est professeur en gestion au Saunders College of Business du Rochester Institute of Technology depuis 2002. Ses travaux de recherche portent essentiellement sur les façons d’augmenter la réussite des entreprises tout en faisait preuve d’innovation et de responsabilité sociale. Courriel : chull@saunders.rit.edu.
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