Dominer le marché des énergies renouvelables

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La lutte est forte pour dominer le marché des énergies renouvelables. L'innovation dans le secteur des énergies renouvelable en est la clé.

À l’image des éléments qu’elle utilise, l'énergie renouvelable évoque souvent dans nos esprits un paysage paisible de soleil et de verdure. Toutefois, comme le démontre le chercheur Joern Hoppmann (ETH Zurich), le marché de l'énergie renouvelable est plutôt semblable à une partie d'échecs, où différentes technologies s’affrontent dans un combat pour affirmer leur suprématie.

«Il y a tellement de différents types de technologies d'énergie renouvelable», dit Hoppmann, «et d'énormes variations dans le marché, le domaine de l'énergie solaire photovoltaïque en est un exemple. De plus, chaque technologie veut faire la transition entre le stade de la recherche et celui de la commercialisation.»

Hoppmann et ses collègues ont récemment été nommés finalistes pour le prix Impact de la recherche sur la pratique (Research Impact Practice Award) pour leur article: The two faces of market support: How deployment policies affect technological exploration and exploitation in the solar photovoltaic industry. Le prix Impact de la recherche sur la pratique est décerné chaque année et récompense la recherche sur le développement durable qui a des implications importantes pour les gestionnaires et les autres professionnels. Il est décerné par le REDD et Organizations and the Natural Environment (ONE) de l'Academy of Management, l'association professionnelle des chercheurs en gestion.

L’effet des politiques gouvernementales sur les technologies des énergies renouvelables

Le marché de l'énergie renouvelable est marqué par une vive rivalité entre les «start-up» et les entreprises établies. Celle-ci se ressent tant au niveau du développement et la commercialisation des technologies que dans l’importance d’attirer des investisseurs et de répondre aux besoins des consommateurs.

Pour leur part, les gouvernements sont souvent étroitement impliqués dans l'industrie de l'énergie en raison de son importance. De nombreuses technologies des énergies renouvelables ne sont pas encore compétitives avec les celles des combustibles fossiles. Les gouvernements mettent alors en œuvre des «politiques de déploiement» visant à accroître la demande pour ces technologies: notamment, les tarifs d'achat ou les normes relatives aux énergies renouvelables.

Il est essentiel de «concevoir des politiques de déploiement de façon à maximiser leur effet sur l'innovation technologique», dit Hoppmann. La meilleure technologie possible est nécessaire, afin que « les technologies énergétiques propres deviennent compétitives avec la production à long terme d'électricité à base de combustibles fossiles». Les politiques doivent soutenir à la fois «l’exploration», c'est-à-dire le développement de nouvelles technologies et «l’exploitation» ou la commercialisation et la mise en marché de l’énergie produite.

Concevoir des politiques stimulantes pour le développement des technologies des énergies renouvelables

«Au cours des dernières années, les gouvernements du monde entier ont dépensé des milliards de dollars pour soutenir le déploiement de technologies d'énergie propre», note Hoppmann. «Nous avons été surpris de constater que ni les décideurs ni les entreprises ont beaucoup réfléchi à l’effet de ces politiques sur l’innovation en entreprise et la diversité technologique.»

En étudiant plusieurs entreprises dans le détail, le projet initié par Hoppmann et ses collègues Michael Peters, Malte Schneider et Volker Hoffman a cherché à mieux comprendre comment les entreprises perçoivent et répondent aux incitations de ces politiques.

Ils ont constaté que les politiques de déploiement aident les entreprises à innover parce que la croissance du marché attire les investisseurs et permet aux entreprises de générer des revenus qui peuvent ensuite être investis dans la recherche et le développement. D'autre part, l'étude révèle que le soutien du gouvernement peut aussi conduire à un «lock-in technologique», une situation où une technologie contrôle le marché et évince des alternatives valables mais moins développées.

Pour conserver plusieurs technologies concurrentielles, les décideurs peuvent:

  • Éviter d'encourager la croissance excessive du marché. (Une option problématique compte tenu de l'urgence du changement climatique.)

  • Adopter des politiques qui soutiennent les technologies qui pourraient se laisser reléguer, par exemple par le financement direct de la recherche.

Les résultats de l'équipe de recherche ont déjà été pris en compte dans les débats politiques en Allemagne, en Suisse et aux États-Unis.

Un secteur de l'énergie changeant

Pendant qu'elles améliorent leur compétitivité en matière de coût, les technologies des énergies renouvelables transforment déjà le secteur de l'énergie, observe Hoppmann.

Dans un futur rapproché, plus de ménages généreront leur propre électricité. Après avoir été les générateurs d'énergie les plus importants pour les collectivités et les entreprises pendant des années, les entreprises de services publics auront ainsi besoin de nouveaux modèles d'affaires. Cela pourrait aboutir à un paysage énergétique complètement différent et toutes les entreprises devront s'adapter.

Les politiques de déploiement sont l'un des principaux moteurs de cette transformation en cours. Comprendre leur effet est essentiel non seulement pour les producteurs de technologies renouvelables, mais aussi pour les entreprises qui utilisent et produisent de l'énergie conventionnelle.

À propos des chercheurs

Joern Hoppmann est chercheur senior au Group for Sustainability and Technology (SusTec) de l'ETF de Zurich. Ses recherches ce centrent sur l'apprentissage organisationnel et l'innovation technologique dans le secteur de l'énergie, en particulier l'énergie solaire photovoltaïque.

Michael Peters est responsable de mission chez McKinsey & Co et un expert sur les questions liées au secteur de l'énergie. Il a reçu son doctorat de l'ETF de Zurich, au sein du Group for Sustainability and Technology (SusTec).

Malte Schneider est un ancien chercheur principal au Group for Sustainability and Technology (SusTec) l'ETF de Zurich. Il est actuellement le directeur du bureau allemand de Climate-KIC, principale initiative de l'innovation climatique de l'UE.

Volker H. Hoffmann est professeur de développement durable et de technologie au département de gestion, de la technologie, et de l'économie de l'ETH Zurich. Sa recherche se concentre sur les stratégies d'entreprise en matière de changement climatique, en mettant l'accent sur la politique climatique, la politique énergétique et l'innovation.

À propos du prix Impact de la recherche sur la pratique et lauréats actuels et passés.


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